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L’innovation technologique, et ce tout particulièrement avec l’essor des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), transforme aujourd’hui tous les secteurs de l’économie et l’agriculture n’en est pas exempte. Cette dynamique nourrit de grands espoirs quant aux possibilités d’améliorer la productivité agricole et de lever ou contourner les obstacles qui freinent le développement agricole dans de nombreux pays pauvres, notamment en Afrique. En effet, le retard technologique que peut avoir ce continent sur le reste du monde se comble, même si cela se fait de manière discontinue, avec un phénomène, parfois désigné leapfrogging, de rattrapage technologique qui saute des étapes. Le premier exemple en est l’adoption à grande échelle de la téléphonie mobile par les populations africaines dont l’immense majorité ne seront jamais passées par le téléphone fixe.

L’objectif de la présente note, après avoir dressé un rapide panorama des différentes applications des NTIC aux filières agricoles, est d’identifier les difficultés rencontrées concrètement dans la mise en œuvre de ces outils, les écueils à éviter et les conditions à remplir pour qu’ils aient un impact favorable, afin de comprendre, avec le plus de pragmatisme possible, ce que ces technologies peuvent apporter aujourd’hui et demain, au développement des filières agricoles. Nous illustrerons cette réflexion à l’aide de quelques exemples, d’expériences particulièrement réussies et/ou ayant fait l’objet d’évaluations et d’études d’impact permettant de prendre un peu de recul sur ces outils et processus de transformation encore jeunes.

1. Les usages des NTIC pour l’agriculture africaine

1.1 Le conseil et la formation agronomiques

La première utilisation des NTIC pour l’agriculture en Afrique prend la forme du conseil et de l’envoi d’informations (agronomiques, météorologiques, etc.) pertinentes, le plus souvent par téléphonie mobile, dans le cadre de l’optimisation de l’activité d production sur les parcelles.

Les innovations dans le domaine des NTIC sont donc dans ce cas au service des innovations purement agronomiques dont elles permettent la diffusion à relativement faible coût et à un grand nombre de producteurs.

Concrètement, ces outils prennent la forme d’applications mobiles, voire fonctionnent simplement avec des envois de SMS et des serveurs vocaux interactifs ; cette dernière solution permettant de contourner l’obstacle de l’illettrisme d’une partie des publics visés. Les informations et conseils transmis sont, par exemple, des rappels des dates de semis, des conseils sur le type et les quantités d’intrants à utiliser selon les cultures, des informations météo localisées, des alertes sur les invasions de ravageurs et les maladies des cultures, etc. Au total, c’est donc un flux d’informations descendant vers les producteurs qui, si les informations sont de qualité et bien ciblées, doivent permettre aux destinataires d’améliorer leurs pratiques agronomiques.

1.2 L’accès au(x) marché(s)

Le second grand usage des NTIC, qui passe souvent par les mêmes plateformes que celles qui proposent du conseil et de la formation, relève de l’accès aux marchés des petits producteurs. Marchés au pluriel : marché aval d’abord avec l’aide à la commercialisation (informations sur les prix pratiqués sur les marchés à proximité) et la mise en relation directe des producteurs avec des acheteurs, mais également marché en amont avec la facilitation de l’achat d’intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires).

Concernant l’aide à la commercialisation des productions agricoles, plusieurs services peuvent exister :

  • Le premier niveau est l’information sur les prix pratiqués sur les marchés locaux, permettant aux producteurs de ne pas brader leur production et de mieux choisir le moment et le lieu de la vente.
  • Certaines applications jouent elles-mêmes le rôle d’intermédiaire et proposent des plateformes de marché mettant en relation les acheteurs et les producteurs, en se rémunérant par une commission sur les transactions effectuées (cf. exemple de Novatech plus loin).

Pour ce qui relève de l’approvisionnement en intrants, il s’agit généralement d’informer sur les prix et les lieux de vente, avec également parfois la possibilité d’acheter directement sur l’application certains intrants. Dans ce cas, c’est souvent le fournisseur d’intrants qui rémunère ou finance la plateforme pour accroître ses volumes de vente.

1.3 Les services financiers

L’apport des NTIC pour la fourniture de services financiers aux agriculteurs africains porte sur deux aspects :

  • La production de nouveaux services,
  • La réduction du coût de certains services (credit scoring, assurance indicielle…).

Les principales catégories de services proposés par les plateformes existantes sont :

  • Le paiement mobile: ces applications, comme le pionnier kenyan M-Pesa, permettent d’offrir aux populations non bancarisées[1], souvent majoritaires parmi les agriculteurs africains, des moyens de paiement sécurisés, ce qui évite le risque de parcourir de longues distances avec des sommes importantes en espèces et donne également accès à d’autres services financiers : épargne, assurance…
  • Le crédit: besoin particulièrement important pour les producteurs (crédits de campagne et investissements) et souvent cité comme l’un des principaux freins au développement agricole en raison de la réticence des banques à financer l’agriculture. Les nouveaux outils qui cherchent à régler ce problème sont à la fois des outils de gestion du risque (ex : credit scoring basé sur l’imagerie satellitaire, suivi d’un troupeau avec puces RFID) et des plateformes de banque mobile (M-Kesho de M-Pesa en partenariat avec Equity Bank par exemple)
  • L’épargne: la capacité à épargner est essentielle pour les producteurs agricoles en raison de la saisonnalité de leurs revenus. Les applications de paiement par la « banque mobile » proposent généralement ce service.
  • L’assurance: développement de l’assurance indicielle qui utilise l’imagerie satellitaire pour évaluer les conséquences des incidents météorologiques et déclencher des remboursements automatiques pour les producteurs assurés situés dans les zones touchées par ces incidents (ex : Kilimo Salama). Ces technologies laissent entrevoir la possibilité d’une assurance agricole low cost potentiellement adaptée à l’Afrique[2].

1.4 Les outils de traçabilité

Les marchés mondialisés ont des exigences croissantes de traçabilité des produits, en raison de standards sanitaires de plus en plus stricts et d’une demande croissante des consommateurs « du nord » pour une transparence totale en ce qui concerne l’origine de leur alimentation. Les petits producteurs du sud, notamment en Afrique, ont des difficultés à faire face à ces nouvelles exigences, qui peuvent alors se révéler de véritables obstacles à l’intégration de ces petits producteurs dans l’économie mondialisée.

Certaines technologies sont néanmoins prometteuses pour aider les petits producteurs à remplir les obligations liées à ces nouveaux standards de traçabilité : téléphonie mobile, puces RFID, blockchain, réseaux de capteurs, GPS, ERPs et autres applications mobiles…

Exemple au Burkina Faso avec une coopérative de productrices de beurre de karité, l’association Songtaab Yalgré, qui utilise le GPS pour documenter l’origine de ses produits (indiquant quel fruit vient de quel arbre) et accéder aux certifications Bio-Ecocert et Bio-NOP (commerce équitable et 100% naturel)

Régler ce problème passe également par la conception de standards qui prennent en compte la capacité des petits producteurs à satisfaire aux exigences. Le standard Global G.A.P. en fournit un bon exemple, en permettant la certification groupée pour les petits producteurs.

Les puces RFID (Radio Frequency Identification) sont de petits objets que l’on peut coller à ou incorporer dans des objets ou des organismes vivants permettant de stocker de l’information d’identification. A la différence d’un code-barres, il n’est pas uniquement possible de lire la donnée de la puce mais également d’écrire de la donnée pour renseigner de nouvelles informations, par exemple depuis des réseaux de capteurs. Autre différence qui explique son succès dans les pays du sud, la lecture de la puce ne requière pas que le code soit parfaitement propre et visible clairement.

Son coût (environ 0,25$ aujourd’hui) reste un obstacle pour une utilisation à plus grande échelle, et la technologie elle-même reste imparfaite (erreurs de détection, couverture des puces…) mais les progrès rapides que connaissent les nanotechnologies laissent entrevoir à la fois une forte baisse du coût et une amélioration de sa fiabilité dans les prochaines années.

1.5 La sécurisation foncière

La gestion foncière est un enjeu important pour l’agriculture africaine. En effet, cette gestion repose souvent sur des systèmes traditionnels avec transmission orale du savoir et souvent pas de trace écrite des transactions ou de titres d’exploitation formels, sans même parler de titre de propriété, notion souvent étrangères aux cultures locales. Or, cette absence de sécurité foncière freine les investissements nécessaires au développement agricole et limite les possibilités de recours à l’emprunt et aux garanties.

La transition de cette gestion traditionnelle peu formalisée vers des systèmes plus formels et sécurisés de « titrisation » du foncier est une tâche difficile. Elle peut néanmoins être facilitée par l’utilisation de la blockchain par la transparence et la sécurité décentralisée qu’elle permet.

Au Ghana, par exemple, où près de 90 % des terres rurales ne sont pas enregistrées dans un registre officiel, l’ONG Bitland enregistre les droits d’exploiter sur la blockchain. Des initiatives similaires ont également vu le jour en Géorgie ou au Honduras où les gouvernements soutiennent officiellement leur développement.

La blockchain n’efface cependant pas toutes les difficultés liées à l’établissement d’un cadastre sécurisé : l’identification préalable des délimitations des terrains et de leurs propriétaires légitimes, indispensable à la mise en place d’un tel système, peut en particulier demeurer problématique, particulièrement en zone rurale. Ainsi, si l’exemple du Honduras permet d’envisager le recours à la blockchain notamment pour lutter contre la corruption, les spécificités africaines sur le thème du foncier rendent une simple transposition difficile à envisager. L’imbrication et la juxtaposition de différents droits fonciers compliquent particulièrement la situation : droit coutumier centré sur la propriété collective et l’autorité traditionnelle du chef de village qui répartit l’usage des terres, d’une part, et droit hérité de la colonisation (droit français ou anglo-saxon basé sur la propriété privée) d’autre part.

1.6 Nourrir la recherche et guider l’action publique

Le dernier grand moyen par lequel les NTIC influencent le développement des filières agricoles, peut-être le plus important même s’il est moins direct, passe par la collecte et le traitement de données permettant d’accéder à une meilleure compréhension des systèmes agricoles et potentiellement une action publique davantage éclairée et efficace ; cela relève du « Big Data ».

Les données issues de la télédétection, et en particulier de l’imagerie satellitaire, permettent de mieux appréhender de nombreux phénomènes plus ou moins directement liés à l’activité agricole et ainsi guider l’action publique. Parmi ces nombreuses applications on peut citer la gestion foncière, les systèmes d’alerte précoce, le suivi des dynamiques pastorales (production de biomasse, cours d’eau…), les estimations de rendements, les statistiques agricoles, l’assurance déjà citée plus haut, les changements climatiques, la lutte contre certaines épidémies, etc.

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Le Japon mise sur les fermes-usines

  La culture de salades dans des usines closes, éclairées à l’électricité, a été lancée en 2006 par la société Spread. Après plusieurs années difficiles, le succès est au rendez-vous..

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Ces startups qui préparent une révolution agricole !

[inbound_button font_size="14" color="#8d0100" text_color="#ffffff" icon="file-o" url="https://dev.willagri.com/wp-content/uploads/2017/12/Dossier-Startup-Willagri.pdf" width="" target="_blank"]Télécharger le dossier en PDF[/inbound_button]

 

Le dossier de Jean-Marie Séronie – un des meilleurs spécialistes français de l’agriculture numérique et auteur du livre Vers un bjg bang agricole – est probablement une des rares analyses que l’on puisse lire sur l’éclosion et la vigueur des startups de l’agriculture numérique en France. Elles révolutionnent en profondeur, et en silence, nos pratiques agricoles et ouvrent la voie à une nouvelle économie politique de l’agriculture. Jean-Marie Séronie a, en outre, interrogé les startups les plus représentatives. Seize – dont deux sont en fait des sociétés de financement – ont répondu à ses questions. L’auteur en a tiré seize profils, sous forme de seize fiches, qui permettront au lecteur d’avoir une vision plus concrète des acteurs du big bang agricole.

WillAgri

Le numérique est une véritable révolution en marche dans tous les secteurs de l’économie et de notre vie quotidienne. En agriculture cela pourrait conduire dans les années qui viennent à des transformations aussi importantes que celles provoquées par l’arrivée massive des tracteurs dans nos campagnes au lendemain de la guerre.

Ces mutations ne sont, bien sûr, pas instantanées et prendront quelques années pour se généraliser. Elles se font pourtant à un rythme très rapide que nous n’avions encore jamais connu. C’est en grand partie, en agriculture comme ailleurs, le fait des start-ups. On attribue généralement à ces entreprises nouvellement créées de grandes vertus de créativité, d’innovation et surtout d’agilité, de réactivité notamment quand on les compare aux grandes entreprises ou aux organisations professionnelles.

Elles bousculent l’ordre économique établi sur plusieurs plans. Fonctionnant en mode agile, elles privilégient l’expérience utilisateur, l’expérimentation, le prototypage… plutôt que des études d’opportunité, de faisabilité, de marché, …les prévisionnels n’ont pas beaucoup de sens à leurs yeux… elles préfèrent ce que certains appellent le mode design au fonctionnement traditionnel. Souvent les équipes sont mobiles, avec beaucoup de travailleurs indépendants, de contributeurs plutôt que des salariés. Les dirigeants sont visionnaires dans leur domaine, ils demeurent en général très ouverts et très à l’écoute de leur environnement ce qui est également une façon de nourrir et d’enrichir leur projet. Ils fonctionnent énormément en réseau, virtuels évidemment, mais aussi réel

« IRL » - In the real Life – selon ce nouvel acronyme né des réseaux sociaux.

Une fraîcheur bienvenue

En matière agricole, elles apportent une fraicheur nouvelle car elles ne sont pas enfermées dans les freins, les tabous, la préservation de l’ordre établi qui sclérosent la plupart des organisations et entreprises agricoles. Les créateurs de ces start-ups « agricoles » ont dans la plupart des cas un parcours professionnel totalement extérieur à l’agriculture. Ils ont souvent une première expé- rience dans les hautes technologies ou dans la communication. Mais quand on les connaît un peu mieux on se rend vite compte qu’un au moins des associés à un rapport personnel assez intime avec l’agriculture, souvent d’ordre familial.

Financièrement ces start-ups fonctionnent également sur un modèle particulier. Faiblement capitalisées elles ont en général peu d’actifs et privilégient l’usage à la propriété. Pendant leur phase de montée en puissance elles investissent beaucoup en communication et en développement. Elles privilégient la croissance, le positionnement sur le marché aux bénéfices financiers à court terme. Dès qu’elles peuvent montrer que leur idée est devenue une réalité diffusable et utilisable, la fameuse POC dont parlent les startupers, comprendre « proof of concept », elles procèdent régulièrement à des levées de fonds. Des fonds spécialisés dans les startups agricoles sont en train de se créer, soit directement comme (Voir Startupfarmer, Fiche 12) soit par création d’un fonds dédié au sein d’une structure financière plus importante (Voir Emertec, Fiche 13). Leurs performances se mesurent davantage par leur développement que par la marge dégagée et les salaires sont payés avec les capitaux collectés. En ce sens elles présentent de grandes fragilités dès que la dynamique s’essouffle ou que les regards se détournent. Pour autant certains succès sont foudroyants dès lors que l’offre proposée est facile d’accès, que les bénéfices sont rapides et très visibles. Ce développement est d’autant plus rapide que l’offre fait face à une demande non satisfaite et que les dirigeants de l’entreprise savent astucieusement attirer la lumière des projecteurs.

Entre partenariat et disruption

Ces start-ups sont donc source d’un dynamisme nouveau et font bouger pas mal de lignes. Elles sont très fascinantes, innovent dans de la création de valeur pour les agriculteurs. Ce faisant elles sont potentiellement anxiogènes pour l’écosystème agricole traditionnel. Elles peuvent provoquer des réflexes protectionnistes. D’ailleurs nombre de ces start-ups manœuvrent très habilement leur embarcation légère au milieu des paquebots agricoles en allant à leur rencontre sur un mode partenarial. Elles évitent soigneusement les chocs frontaux préférant passer du temps dans les cénacles agricoles proclamant haut et fort la complémentarité de leurs offres (aussi disruptives soient-elles à moyen terme) par rapport à celles existantes. Signe de temps nouveaux, un des plus hauts responsables syndicaux agricole français a pu s’exclamer « pour faire avancer l’agriculture numérique je fais davantage confiance aux start-up qu’à nos organisations agricoles ! » sans pro- voquer de tollé dans la salle.

En France l’écosystème des startups est dynamique autour de ce qu’on appelle les « FinTech » (domaine financier) les « Ag Tech » (production agricole) et les « FoodTech » (Alimentation).

Une part importante des nouvelles offres s’articulent autour de plateformes. Elles mettent en relation des univers différents pour réaliser des affaires de manière bilatérale ou multilatérale. Les places de marché sur lesquelles s’échangent des produits et des services côtoient des plateformes collaboratives sur lesquelles s’échangent des informations et se construisent des connaissances, parmi celles-ci bien sûr on trouve les réseaux sociaux.

Le monde des plateformes

En matière agricole nous commençons à voir apparaître et nous verrons sans doute rapidement se développer des plateformes mettant en relation les agriculteurs avec leurs fournisseurs de produits ou de services (à ne pas confondre avec les intra ou extranet de ces organisations). D’autres leur permettront de commercialiser leurs produits que ce soit directement aux consommateurs mais aussi aux entreprises de transformation ou de commerce international (Voir Le comparateur agricole, Fiche 16 page 17). D’autres encore permettront aux agriculteurs de communiquer entre eux pour échanger des biens ou des services. La plateforme (WeFarmUp Fiche 4 page 5) permet de proposer du matériel (tracteurs, machines ...) au moment où on ne s’en sert pas. L’offreur comme le preneur rationnalisent ainsi la gestion de leur parc matériel. Pour échanger la culture de parcelles éloignées de son siège d’exploitation contre d’autres plus proches, Echanges parcelles (Fiche 5 page 6) permet des échanges à deux, voir tournants à trois agriculteurs afin de rationaliser le parcellaire.

On peut également partager et monétiser des conseils, des informations ou des compétences. Ainsi AGRIFIND (Fiche 1 page 2) permet, que l’on soit agriculteur ou conseiller, de proposer ses compétences. Un site comme FARMLEAP (Fiche 2 page 3) permet d’animer des groupes d’échanges et de partager des résultats et des expériences , de mettre en commun de manière sécurisée ses performances pour les comparer. Piloter sa Ferme (PSF, Fiche 3 page 4) est une plateforme qui propose un robot de conseil permettant d’automatiser de manière rationnelle et personnalisée ses ventes.

Enfin d’autres plateformes permettent d’établir des liens entre des épargnants et des exploitants agricoles pour financer les entreprises agricoles. C’est le financement par la foule, « le crowfunding ». Cela peut se faire par des dons en échange d’une contrepartie en nature comme Miimosa (Fiche 14 page 15) ou de manière plus classique par des prêts (Agrilend, Fiche 15 page 16). On entrevoit rapidement le potentiel d’évolution de ces nouvelles façons de faire par rapport aux organisations établies.

Les données, futur graal de la performance ?

La performance des exploitations sera à l’évidence améliorée par une nouvelle gestion des don- nées. De nouveaux outils de pilotage permettront l’agriculture mesurée et l’agriculture de précision (la bonne intervention, à la bonne dose, au bon endroit ou sur le bon animal, au moment optimal). Cela permet de faire des économies et de réduire l’empreinte environnementale. On sait en effet aujourd’hui traiter beaucoup plus rapidement des quantités de données de plus en plus importantes et surtout de mélanger des données de plus en plus variées. C’est toute la promesse du Big data. Les startups sont très actives en la matière. Certaines développent des capteurs permettant de mettre en données la nature, le réel. Cela peut être des sondes dans les sols comme Weenat (Fiche 6 page 7), des captures d’images de végétaux ou dans les bâtiments agricoles comme Copeek (Fiche 7 page 8), de l’enregistrement des mouvements des machines agricoles dans les parcelles (Karnott, Fiche 8 page 9).

D’autres permettent ensuite de stocker, d’agréger et de mettre à disposition de manière simple toutes ces données et provenant de sources diverses. C’est par exemple le cas de 365Farmnet (Fiche 9 page 10). A partir de ces données disponibles, les offres de valorisation en tableau de pilotage, conseils seront de plus en plus nombreuses comme Agroptimize (Fiche 11 page 12) ou Perfarmer (Fiche 10).

Nous sommes, donc, devant une transformation profonde et sans doute rapide du monde agricole. La vitalité et la créativité des startups en font assurément des acteurs importants et centraux de ce qui sera peut-être demain considéré comme un véritable big bang agricole. Il sera certainement créateur de richesses par la symbiose entre l’augmentation de la productivité agricole, la transition écologique et la transition numérique. Il va bien donc bien au-delà d’une nouvelle ère technolo- gique.

NB Cet article s’inspire très directement de l’essai « Vers un Big Bang agricole, la révolution numérique et l’agriculture » JM Séronie Editions France Agricole Sept 2016.

1 Jean-Marie Séronie

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Le numérique envahit l'agriculture

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Le numérique envahit l’agriculture

1. La troisième révolution agricole

Le couple infernal agriculture/climat

Créée au sommet climat de l’ONU en septembre 2014, l’Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat (GASCA) est l’héritière du Climate smart agriculture lancé par la FAO en 2010. Il s’agit, dans les deux cas, de faire d’une pierre deux coups : d’une part, réduire l’insécurité alimentaire et de l’autre, tempérer freiner le réchauffement climatique. C’est un rêve : réconcilier ce couple infernal que forment le climat et l’agriculture. Ces deux initiatives, malgré ses augustes parrains, ont été dénoncées par des universitaires et des ONG de renom comme des fourreaux des grands groupes chimiques et agro-industriels. Le débat n’est pas donc pas clos et n’est pas prêt de l’être. Qui s’en s’étonnerait ? Toute tentative d’optimiser l’utilisation des intrants chimiques est considérée par leurs adversaires comme une tentative à peine déguisée de leur légitimation.

Il n’existe pas de réponse simple à ce débat car l’agriculture occupe une position paradoxale. Elle est tout à la fois victime et coupable. Victime, l’agriculture pourrait voir ses rendements réduits de 10 à 20% par l’alternance des périodes de sécheresse, d’inondation et autres invasions de parasites. Coupable, l’agriculture est à l’origine de 30% des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Juge de paix honnête, la Climate smart agriculture (CMA) organisée, entre autres, par la CIRAD, l’INRA, AGROPOLIS ou la FAO, a cru trouver la bonne réponse. Il demande à l’agriculture d’être à la fois productive, résiliente et durable. Bel exemple d’irrésolution qui ne mange pas beaucoup de pain mais qui finira par aboutir à un compromis nommé agriculture de précision.

En un mot comme en cent le recours aux fertilisants organiques demeurera certainement une nécessité. La question est comment en réduire l’impact environnemental. Nous en étions là sans nous rendre compte qu’une révolution silencieuse était, probablement, en train de résoudre cette quadrature du cercle : oui, on peut tout à la fois protéger les plantes, fertiliser les cultures et élever des veaux tout en réduisant les émissions de gaz. Mieux, on dispose de techniques moins gourmandes en intrants et plus généreuses en rendements. Cette révolution silencieuse porte un nom : la révolution numérique. Comme souvent, en histoire des sciences, les hommes prennent conscience des révolutions bien après qu’elles aient eu lieu.

Rarement révolution pouvait mieux tomber à point. Les pays pauvres d’Afrique sub-saharienne, entre autres, où l’agriculture, représentant 20 à 30% du PIB, est toujours et désespérément tributaire des incertitudes climatiques. Près d’un milliard d’êtres humains, presque tous, paradoxalement fermiers vivent au dessous du seuil de pauvreté. Faut-il en rajouter ? Rappelons ces chiffres archi-connus : pour nourrir les 9 millions d’êtres humains que comptera la planète en 2050, la production alimentaire devra augmenter de 70%. Et encore, eût-il fallu apprendre à produire sous le joug de l’épée de Damoclès des catastrophes climatiques (inondations et sécheresses) et, ce, avec moins de ressources (moins d’eau, moins de terre arable...).

Comme si cela ne suffisait pas, ce défi démographique est aggravé par une évolution sociologique de grande ampleur. D’ici 2035, plus de 3 milliards d’habitants des pays émergents jouiront d’un niveau de vie proche de celui des classes moyennes des pays développés. Ces « nouveaux riches » consommeront plus de voitures, mais aussi plus de viande. Il faudra leur fournir une part de steaks ou de gigots plus ou moins équivalente à la nôtre. L’extension de l’élevage, activité agricole la plus gourmande en eau – une vache en lactation consomme 100 litres d’eau par jour –provoquerait un stress hydrique insupportable. Certains ont déjà élaboré de nouveaux modèles de consommation plus frugaux.

L’agriculture est coutumière des aléas naturels, des désordres économiques, risques sanitaires et nous en passons. A ces fragilités, viennent s’ajouter des défis démographiques et sociologiques.. L’irruption du numérique apporte un espoir d’ordre et de rationalité et de réduction des incertitudes. Ses enjeux dépassent les seuls agriculteurs, ils sont devenus ceux de tous les citoyens.

Et l’agriculture devint intelligente

La digitalisation a bousculé l’agriculture comme elle l’a fait pour toutes les activités économiques. Son irruption dans les champs est moins brutale parce que, s’il est une activité plus attachée à la tradition – et pour de bonnes raisons que nous aimons tous - c’est bien l’agriculture. La rencontre est prometteuse.

On voudra bien se souvenir comment la « révolution verte », pendant les années 60-90 sauva des milliards d’êtres humains de la famine grâce à la combinaison de variétés résistantes, à l’utilisation massive de fertilisants chimiques et à l’irrigation. Le prix à payer fut certes élevé : pollution, eutrophisation et perte de biodiversité.
C’est donc contre les ravages de cette première révolution qu’est née la notion d’une agriculture durable inspirée de l’agroécologie, c’est-à-dire de pratiques écologiques appliquées à l’agriculture. Les concepts font d’ailleurs florès : écoagriculture, agriculture raisonnée... L’objectif est partout le même: la révolution verte moins ses effets dévastateurs.

Il est un concept qui aura la vie plus longue : celui d’agriculture de précision. Cette technique est née quand s’est posée la question de savoir s’il était possible de moduler le traitement de parcelles voisines en fonction de la nature de leur sol et de leur culture et d’y adapter , semences, fertilisants, quantité d’eau, pesticides...Ce traitement «sur mesure » peut diaboliquement varier d’un mètre carré à l’autre grâce aux capteurs terrestres ou embarqués (sur des tracteurs). Les drones complétaient le travail par leur capacité à dénicher des poches d’animaux nuisibles. Les stations météo terrestres fournissaient de précieuses indications sur l’hygrométrie. La robotisation des matériels a emboîté le pas à la mesure et au traitement des données.

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