Most Recent World News

Le sorgho, alternative avantageuse aux céréales à paille et au maïs

Le sorgho est de plus en plus considéré comme une alternative avantageuse aux cultures de céréales à paille ou au maïs qui sont, elles, plus sensibles au dérèglement climatique. Cultivé.

  • 0
  • 1 views

Quelle gestion durable pour la pêche artisanale en Afrique ?

La pêche artisanale maritime africaine a connu des modifications importantes dans ses conditions d’exploitation. La flotte a augmenté de manière considérable depuis les années 1980. Les pirogues sont mieux équipées.

  • 0
  • 0 views

Forêts : l’institutionnalisation légale de la certification FSC au Gabon

Le président du Gabon, Ali Bongo, a annoncé le 26 septembre, à l’occasion d’une visite à une usine de transformation de bois du Groupe Rougier, que l’ensemble des concessions forestières.

  • 0
  • 1 views

L’AGROÉCOLOGIE : UNE VOIE D’AVENIR À EXPLORER POUR LES PETITES EXPLOITATIONS SUBSAHARIENNES

« L'agroécologie peut contribuer au processus de transformation de nos systèmes alimentaires », déclarait le président de la FAO lors d’un colloque international sur le sujet. Dans ce dossier inédit, nous.

  • 0
  • 2 views

La marchandisation du foncier rural en Afrique, enjeux et perspectives

[inbound_button font_size="14" color="#8d0100" text_color="#ffffff" icon="file-o" url="https://dev.willagri.com/wp-content/uploads/2018/09/Dossier-Willagri-La-question-fonciere-en-Afrique.pdf" width="" target="_blank"]Télécharger le dossier en PDF[/inbound_button]

 

 

Depuis une vingtaine d’années, en Afrique, des contrats d’appropriation de terres à grande échelle mettent en jeu, suivant les cas, des États étrangers pour qui ces transactions représentent un moyen de sécuriser leurs approvisionnements en biens alimentaires ou des entreprises et investisseurs privés étrangers cherchant à réaliser des profits soit dans des activités productives à bons rendements, soit dans des activités spéculatives. La controverse autour de ces transactions foncières est devenue intense au point d’amener les États concernés comme les organisations internationales à prendre des mesures de régulation afin d’en limiter les effets les plus péjoratifs pour les populations. Derrière ces actions, c’est tout le système foncier rural africain qui est bouleversé.

 

A l’échelle internationale, la « ruée sur la terre » est montée en intensité après la hausse brutale des prix des produits alimentaires en 2007-2008 et la croissance de la demande en biocarburants en substitution au pétrole. La spéculation a également joué un rôle. La dynamique des marchés financiers a encouragé les gérants de fonds d’investissement à acquérir des droits fonciers pour anticiper la hausse de leur valeur.

En Afrique, les appropriations de terres trouvent leur justification dans l’idée erronée de l’existence d’importantes « terres oisives ». Elles ont concerné ce continent pour un tiers des transactions mondiales et un quart des surfaces concernées. Selon la Commission économique pour l’Afrique, 685 opérations d’investissements fonciers à grande échelle ont été recensées entre 2000 et 2017, couvrant une superficie de près de 40 millions d’hectares de terres sur l’ensemble du continent africain. Ces données comprennent les opérations à tous les stades, de l’expression d’intérêt aux opérations qui ont ou pas abouti. La grande majorité de ces opérations se font en Afrique de l’Est. Des investisseurs - à 80 % non Africains - se voient attribuer des surfaces cultivables de grande taille, dans certaines zones particulièrement favorisées en matière de fertilité, d’accès à l’eau et aux infrastructures, parfois aux dépens des droits des agriculteurs et des éleveurs du lieu, confinés sur des petites surfaces ou entravés dans leurs indispensables transhumances.

Derrière ces opérations de grande envergure, tout le système foncier africain est progressivement ébranlé. Les pratiques coutumières encore prégnantes sont mises en cause, y compris pour les transactions à l’échelle locale. Le télescopage de la forte croissance démographique, de l’urbanisation et des processus de marchandisation du foncier peut être la source de phénomènes d’exclusion et d’appauvrissement des paysanneries, porteurs de graves risques politiques et sociaux. Les projets de réforme du foncier tentent d’endiguer, avec plus ou moins de succès, ces risques.

Ce dossier répond plusieurs questions. Qui sont les grands acquéreurs de terres ? Quels sont leurs motifs ? La marchandisation du foncier est-elle nouvelle ? Concerne-t-elle aussi les transactions locales ? Quels avantages et quels inconvénients présentent ces opérations ? Quelles mesures sont envisagées ?  Enfin quelles sont les conditions sont à réunir pour éviter des transactions abusives et destructrices ?

L’État et les grands acquéreurs

Les pays africains les plus ouverts aux grands investissements fonciers sont l’Éthiopie, la RD Congo, le Soudan, Madagascar, la Sierra Leone, le Congo, le Nigeria, le Liberia, le Mali et la Zambie. Les autorités intervenant dans l’attribution des terres sont variables, mais l’État étant le principal gestionnaire des terres, au nom du principe de la « domanialité généralisée » établi dans presque tous les pays après les Indépendances, son rôle est central. Même dans les pays où, avec la décentralisation, les législations donnent aujourd’hui de nouvelles prérogatives en matière de gestion foncière aux collectivités locales, on observe que les contrats sont signés directement avec l’État. De leur côté, les autorités coutumières peuvent parfois être associées aux cessions dans certains contextes ; elles sont ponctuellement impliquées, mais n’apparaissent pas comme des cédants majeurs dans les grandes transactions foncières réalisées ces dernières décennies.

Les gouvernements de ces pays jouent donc le rôle clé dans la promotion des investissements fonciers. Ils justifient leur choix en mettant en avant la décroissance des moyens publics et de l’aide au développement ciblés sur le secteur agricole depuis deux décennies. L’investissement privé étranger est vu comme un moyen de compenser le déficit structurel d’investissements publics dont souffre l’agriculture. Prenant argument de la nécessaire modernisation de leur agriculture, ils offrent de plus en plus de facilités, avec la création d’agences de promotion spécialisées, l’adoption d’un cadre juridique incitatif (simplification d’accès au foncier, octroi d’avantages fiscaux).

La France, avec 695 000 hectares de terres agricoles acquis depuis 2012, a réalisé a 50 transactions, majoritairement en Afrique de l’Ouest. Elle vient loin derrière d’autres pays occidentaux (en nombre de transactions, le Royaume-Uni est le principal investisseur sur le continent, mais les États-Unis se classent au premier rang en ce qui concerne le montant total des investissements fonciers à grande échelle) et de nombreux pays d’Asie (Indonésie, Malaisie, Inde, Philippines, Corée, Japon, Singapour…) et du Golfe Persique (Émirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, Qatar). Contrairement à une idée reçue, la Chine n’est pas le premier investisseur foncier. Dans le classement établi par le Land Matrix, qui sert de référence en la matière, ce pays arrive à la neuvième place. Les investissements s’inscrivent de plus en plus dans une dynamique de relations Sud-Sud. Le Brésil qui maîtrise la technologie dans le secteur des agrocarburants occupe une place croissante. On observe aussi des dynamiques sous-régionales, entre l’Afrique du Sud et la RD Congo par exemple.

Les investisseurs se classent en trois groupes : 1. les fonds souverains et les fonds de pension, attirés par la rentabilité potentielle d’un secteur désormais entré sur les marchés financiers avec des produits dérivés en pleine croissance, 2. les agro-industries et 3. les États cherchant à sécuriser leurs approvisionnements alimentaires et en biocarburants.

Les élites dans les pays d’accueil sont aussi de plus en plus engagées pour des opérations stimulées par la forte demande. En Afrique de l’Ouest, les acquisitions réalisées par des acteurs nationaux (membres du gouvernement, hauts fonctionnaires, chefs religieux, gradés de l’armée, hommes d’affaires) sont largement prépondérantes. Ces acquisitions locales peuvent être réalisées à des fins productives comme à des fins spéculatives ou de thésaurisation. De fait, les frontières entre investisseurs étrangers et nationaux sont parfois floues, les premiers pouvant créer une société dans le pays d’accueil et les seconds s’associant parfois à des entreprises étrangères privées.

  • 0
  • 2 views

Nets progrès de la production et des rendements céréaliers au Maghreb

Les paysans nord africains, algériens et marocains ont bénéficié de conditions climatiques très favorables au développement des céréales au printemps dernier. Toutefois, les pays du Maghreb importeront au moins autant.

  • 0
  • 0 views

Engouement scientifique du Maroc pour le quinoa

La renommée du quinoa (prononcer KEEN-WAH) n’est plus à faire. Souvent qualifié de superaliment, il est une pseudo-céréale appartenant à la famille de la betterave et des épinards.  Les milieux.

  • 0
  • 1 views

Le marché de la viande bovine prospère en Méditerranée

1,65 million d’animaux vifs ont été expédiés d’Amérique du Sud et d’Europe vers les pays des rives sud et orientale du bassin méditerranéen. Par contre, du Maroc à la Turquie,.

  • 0
  • 1 views

Du bon usage de l’aide alimentaire pour soutenir l’agriculture

L’aide alimentaire aux pays émergents frappés d’insécurité alimentaire, pour cause de conflits armés ou de changement climatique, est indispensable. Elle comporte, néanmoins, des effets pervers, dont les moindres ne sont.

  • 0
  • 1 views

La crise de la filière européenne du bois tropical en Afrique centrale

[inbound_button font_size="14" color="#8d0100" text_color="#ffffff" icon="file-o" url="https://dev.willagri.com/wp-content/uploads/2018/06/Dossier-Crise-Filiere-Europeenne-Bois-Afrique-Willagri.pdf" width="" target="_blank"]Télécharger le dossier en PDF[/inbound_button]

 

 

Cmnews

Début 2018, la branche Afrique du Groupe Rougier annonce son dépôt de bilan. C’est un choc pour la profession forestière tropicale et les observateurs de l’industrie du bois en Afrique. Entreprise familiale cotée en bourse, la société Rougier fondée en 1923 à Niort, est une des plus anciennes et des plus importantes sociétés exploitant du bois en Afrique. Ses premières exploitations d’okoumé ayant commencé dans les années 1950 au Gabon, elle est également présente au Cameroun, au Congo et, depuis 2015, en Centrafrique (RCA). La surface totale détenue en concession par le groupe Rougier s’élève à plus de 2,3 millions d’hectares et il emploie 3000 salariés, essentiellement en Afrique. Il devrait se désengager totalement ou partiellement de ses activités d’exploitation, sauf au Gabon.

Les raisons indiquées par la direction du Groupe pour ce dépôt de bilan renvoient à des problèmes connus et qui sont communs à l’ensemble de la filière exportatrice. À l’engorgement du port de Douala d’où partent les produits bois de la plupart des entreprises du Cameroun (mais aussi du Congo et de la RCA) après un long acheminement en train ou en camion, s’ajoutent les retards croissants de remboursement de la TVA aux exportateurs par les Etats d’Afrique centrale. Ces problèmes affectent également d’autres sociétés forestières, européennes pour la plupart, qui ont dû céder une partie de leurs actifs ces derniers mois. Le Groupe Wijma Cameroun, à capitaux hollandais, a dû céder en 2017 à une entreprise concurrente (Vicwood SA, dont le siège est à Hong-Kong) quatre de ses cinq concessions forestières au Cameroun. La société italienne Cora Wood SA, fabricant réputé de contreplaqué établi au Gabon, a dû céder une de ses concessions à une société chinoise pour éponger ses dettes. Les rumeurs courent à propos de possibles cessions prochaines d’autres sociétés européennes, au Gabon ou au Congo.

La fin d’un cycle

Même si les cessions d’entreprises forestières européennes à des sociétés asiatiques ont commencé au début des années 2000, il est probable que les difficultés actuelles de Rougier marquent un tournant. Au-delà des problèmes conjoncturels, on sent venir la fin d’un cycle économique assez vertueux. Celui-ci a été ouvert par les premiers plans d’aménagement forestiers dans les années 1990, et s’est prolongé par l’essor de la certification de « bonne gestion forestière » (le label Forest Stewardship Council, FSC) une quinzaine d’années plus tard. On avait alors pensé qu’une exploitation forestière durable de la forêt naturelle, conciliant profitabilité économique, dimension écologique et progrès social, avait démontré sa faisabilité en Afrique centrale, malgré les problèmes notoires de gouvernance dans cette région. Cependant, la profitabilité de l’exploitation des forêts naturelles repose, jusqu’à maintenant, sur le prélèvement d’une poignée d’espèces bien connues des consommateurs de bois. Au Gabon, c’est l’okoumé ; au Cameroun, l’ayous, le sapelli et l’azobé ; au Congo, le sapelli au Nord et l’okoumé au Sud ; en RCA, le sapelli ; et en RDC, ce sont quelques essences précieuses comme le wengé ou l’afrormosia qui permettent de rentabiliser les opérations. L’avantage de cette exploitation extrêmement sélective est que la forêt n’est guère endommagée par des prélèvements qui dépassent rarement, en moyenne, un ou deux arbres par hectare, soit10 à 12 m3. Le revers de la médaille est que la concentration des récoltes sur cette poignée d’essences conduit progressivement à un épuisement du « gisement » au fur et à mesure que les forêts sont mises en exploitation de manière systématique. Cet épuisement ne signifie pas, en principe, que ces espèces deviennent menacées de disparition. Le problème est plutôt économique : les volumes restant au deuxième passage d’exploitation (légalement, 25 à 30 ans entre deux passages) ne suffisent généralement plus pour soutenir une activité industrielle et répondre à la demande des marchés. Le cas de la société Rougier est emblématique à cet égard : son rachat, en 2015, d’une concession en RCA répondait à la volonté d’approvisionner la principale usine du groupe au Cameroun, peu éloignée de la frontière centrafricaine. C’était une conséquence directe de la baisse des volumes disponibles de sapelli et d’ayous dans l’Est du Cameroun, région exploitée de manière répétée (par les industriels mais aussi par les exploitants artisanaux) depuis plusieurs décennies. Au Cameroun, l’abandon de plusieurs concessions par la société Wijma est également liée à la forte baisse du volume d’azobé à la fin du premier passage en exploitation de ces permis.

Cirad

S’il reste encore de nombreux sapelli dans les concessions du nord Congo ou d’okoumé dans celles du Gabon, les opérateurs pressentent qu’ils arrivent à la fin d’un cycle, et que la « rente de forêt primaire », ce volume exceptionnel obtenu lors des premiers passages en coupe dans les forêts anciennes, achève progressivement de se dissiper. Certes, il y a de nombreuses autres espèces exploitées ou potentiellement exploitables dans ces forêts. Mais, soit elles ne sont pas suffisamment abondantes pour remplacer les essences traditionnelles, soit leur prix de vente est insuffisant au regard des coûts d’exploitation, de transport, et éventuellement de transformation. Les marchés sont assez conservateurs, et les ordres d’achat tendent à se concentrer sur les essences les plus connues. Si, sur la dernière décennie, les acheteurs ont commencé à s’intéresser plus sérieusement à des essences comme l’okan ou le tali, dont les prix ont ainsi connu des augmentations spectaculaires, ces exemples restent rares et ces deux espèces ne sont pas suffisamment abondantes pour acquérir la même importance économique que le sapelli ou l’okoumé.

La plantation d’espèces de bois d’œuvre constituerait la réponse logique à cet épuisement des « gisements » traditionnels en forêt naturelle. Mais on sait que, sans puissantes incitations économiques ou directives autoritaires d’une administration clairvoyante, les opérateurs économiques n’investiront pas dans de coûteuses plantations qui n’entreront en production que dans trois décennies. En outre, la sylviculture des essences les plus intéressantes économiquement n’est pas toujours bien maîtrisée. Et la qualité n’est pas toujours au rendez-vous : les okoumés plantés, par exemple, n’offrent pas la même qualité de bois que les okoumés sauvages. Reste enfin la question des droits de propriété : qui possèdera, dans une trentaine d’années, les droits sur des arbres plantés au sein des concessions par des opérateurs qui ne seront sans doute plus en activité ?

Une compétition faussée ?

Les concessionnaires européens, jadis incontournables dans l’exploitation et l’industrie du bois africain cèdent peu à peu leurs actifs aux investisseurs asiatiques. Si les opérateurs malaisiens sont présents en Afrique centrale depuis le milieu des années 1990[1], des entreprises chinoises sont entrées en force dans la filière depuis les années 2000, et, plus récemment, ce sont des investisseurs indiens, dont la multinationale Olam, qui se sont fait remarquer au Gabon et au Congo. Ces exploitants disposent de capitaux importants et les marchés sur lesquels ils opèrent acceptent des qualités parfois inférieures à celles que demandent les acheteurs européens. Ceci leur permet d’exploiter une gamme plus large d’espèces – même si la composition spécifique de leurs récoltes n’est pas, en fin de compte, très différente de celle de leurs homologues européens.

La montée en puissance de ces opérateurs asiatiques dans l’industrie forestière fait écho, bien sûr, à celle que l’on observe dans les autres secteurs économiques en Afrique. Elle correspond aussi à l’évolution des flux commerciaux, avec des exportations de bois africain qui se destinent de moins en moins à l’Europe et de plus en plus à l’Asie. La Chine vient en tête, mais l’Inde et le Vietnam accroissent rapidement leurs achats.  Les opérateurs européens se demandent s’ils jouent bien à armes égales avec certains de leurs compétiteurs asiatiques. Les grandes entreprises européennes se sont progressivement conformées aux normes légales en préparant des plans d’aménagement forestiers, rendus obligatoires par les nouvelles générations de lois forestières apparues dans les années 1990-2000.  Une partie d’entre elles est allée plus loin, en adoptant une certification forestière exigeante, le FSC. Ce label est important pour gagner ou conserver des parts de marché sur certains marchés occidentaux sensibles aux questions environnementales (en Europe du Nord, notamment) et espérer un prix d’achat plus élevé pour les bois ainsi labellisés. La certification constitue donc un investissement, qui pousse les entreprises à s’autoréguler pour ne pas perdre le label dont la mise en œuvre sur le terrain est vérifiée régulièrement par des auditeurs indépendants. Or, mis à part la société Olam qui a racheté en 2011 à une société danoise une grande concession déjà certifiée au nord Congo, aucun opérateur à capitaux asiatiques n’a cherché sérieusement, au moins jusqu’à présent, à obtenir le label FSC pour ses permis. Et nombre d’entre eux n’ont pas préparé ou ne mettent pas en œuvre de plan d’aménagement. Des entreprises asiatiques sont souvent épinglées par les observateurs pour des activités illicites. Ces derniers mois au Gabon l’exploitation et l’exportation illégale du kévazingo, une essence de haute valeur commerciale, a défrayé la chronique. Les sanctions prises par les administrations à l’encontre de ces pratiques illicites, sans être inexistantes, ne sont guère dissuasives : il est rare qu’un contrat de concession soit annulé ou que de très fortes amendes soient prononcées. L’exportation des bois en container, y compris, aujourd’hui, les grumes, inspectés de manière aléatoire facilite les trafics. L’application des lois est, à l’évidence, défaillante, et ceci est en partie à l’origine des différences de profitabilité entre nombre d’entreprises asiatiques et la plupart des entreprises européennes. Si les bois certifiés sont vendus plus cher sur certains marchés sensibles, une bonne partie des bois labellisés s’écoule à prix courant sur les marchés du Sud et de l’Est de l’Europe, du Moyen-Orient ou de l’Asie. Et dans ce cas, l’investissement dans la certification n’est pas rentable.

Des investissements insuffisants pour l’innovation

Si l’on peut estimer que la « mauvaise gouvernance » fausse la compétition entre les entreprises certifiées et les autres, les opérateurs « historiques » payent aussi des investissements insuffisants dans l’innovation technique et le marketing. Contrairement à une idée reçue, la majorité du bois africain aujourd’hui exportée est transformée localement. Si certaines entreprises, notamment italiennes, ont su se différencier en proposant des produits sophistiqués et attractifs, la plupart des transformateurs restent concentrés sur des « commodités », c’est-à-dire des sciages de taille standard, des bois déroulés pour les placages ou du contreplaqué. Vendre des commodités, c’est se condamner à rester « price taker », à dépendre des cours internationaux des bois et des préférences changeantes des acheteurs.  Et ces derniers se tournent volontiers vers les bois asiatiques, voire les bois tempérés ou boréaux, quand les prix des bois africains grimpent exagérément à leurs yeux.

Fabriquer des produits finis, valoriser intelligemment les sous-produits du bois, trouver des utilisations appropriées aux espèces abondantes, mais faiblement rémunératrices (en les plaçant, par exemple, au cœur des contreplaqués, comme les industriels d’Asie le font avec du bois de peuplier enserré dans des feuilles de placage d’essences « nobles ») constituent des voies possibles pour retrouver la valeur ajoutée qui tend à se dissiper avec la raréfaction des essences traditionnelles qui ont permis l’essor de l’industrie africaine du bois. Optimiser la chaîne de valeur, cela peut signifier également valoriser les déchets de bois à travers des processus de cogénération, dès lors que le contexte s’y prête et que la production de bois mensuelle est suffisamment élevée pour rentabiliser l’opération. S’il ne faut pas sous-estimer les difficultés de telles évolutions dans des pays où les infrastructures sont défaillantes, où le personnel qualifié manque cruellement à l’appel et où les surcoûts sont légion, il reste que certaines des entreprises européennes aujourd’hui en difficulté n’ont sans doute pas su investir de manière avisée les bénéfices confortables qu’elles ont réalisés lors de périodes plus fastes.

L’industrie du bois africain est condamnée à une telle « sortie par le haut » du fait notamment des débouchés restreints des marchés domestiques. Les coûts de production du bois industriel n’ont cessé de croitre depuis deux décennies, du fait des normes d’aménagement, de la fiscalité ou du coût des différents cahiers des charges mis en place par les pouvoirs publics. D’un autre côté, le pouvoir d’achat des consommateurs africains ne progresse guère, voire s’effrite. Si, dans les années 1980, les transformateurs industriels du bois au Cameroun écoulaient entre un quart et un tiers de leur production sur le marché intérieur, cette proportion est devenue presque insignifiante une vingtaine d’années plus tard. C’est le « secteur informel », composé de scieurs artisanaux opérant généralement dans l’illégalité, qui fournit les marchés domestiques en croissance des pays africains. En RD Congo, ces artisanaux mobilisent nettement plus de bois que l’industrie formelle. Quant aux marchés sous-régionaux africains, ils sont en croissance continue mais ne sont guère rémunérateurs, car, là aussi, la concurrence des bois artisanaux, objet de trafics frontaliers intenses (par exemple entre le Cameroun et le Tchad), tire les prix vers le bas.

  • 0
  • 2 views

Les aménagements des bassins fluviaux africains : une gestion partagée ?

[inbound_button font_size="14" color="#8d0100" text_color="#ffffff" icon="file-o" url="https://dev.willagri.com/wp-content/uploads/2018/03/Dossier-Willagri-Amenagements-Bassins-fluviaux-Africains.pdf" width="" target="_blank"]Télécharger le dossier en PDF[/inbound_button]

 

 

La consommation mondiale d’eau était quatre fois inférieure par tête d’habitant il y a un demi-siècle à ce qu’elle est aujourd’hui. Elle augmente nettement plus vite que la population pour au moins trois raisons principales. D’abord l’agriculture représente à elle seule près de 60 % de la consommation et elle est en progrès constant, y compris dans la plupart des pays africains. Ensuite, la consommation industrielle ne cesse de croître à un rythme élevé tant que les découplages eau versus production et énergie versus production ne sont instaurés. Enfin, la consommation humaine (eau potable et usage sanitaire) croît promptement, en particulier en ville, du fait de la demande pour une amélioration constante des conditions d’existence exprimée par les populations. Ajoutons à ces raisons que, selon les projections du GIEC, à chaque degré de température supplémentaire, environ 7 % de la population mondiale perd 20 % de ses ressources en eau renouvelable.

La consommation mondiale d’eau était quatre fois inférieure par tête d’habitant il y a un demi-siècle à ce qu’elle est aujourd’hui. Elle augmente nettement plus vite que la population pour au moins trois raisons principales. D’abord l’agriculture représente à elle seule près de 60 % de la consommation et elle est en progrès constant, y compris dans la plupart des pays africains. Ensuite, la consommation industrielle ne cesse de croître à un rythme élevé tant que les découplages eau vs production et énergie vs production ne sont instaurés. Enfin, la consommation humaine (eau potable et usage sanitaire) croît promptement, en particulier en ville, du fait de la demande pour une amélioration constante des conditions d’existence exprimée par les populations. Ajoutons à ces raisons que, selon les projections du GIEC, à chaque degré de température supplémentaire, environ 7 % de la population mondiale perd 20 % de ses ressources en eau renouvelable.

Les spécialistes sont unanimes à s’accorder à dire que la pression sur les ressources sera incomparablement supérieure dans 20 ans à ce qu’elle est actuellement. Il en sera ainsi en Afrique comme ailleurs. L’amélioration escomptée des conditions de vie de la population du continent, les progrès des États pour atteindre les Objectifs du Développement durable (ODD) qu’ils ont adoptés, la croissance des secteurs agricole et agroalimentaire et le développement manufacturier, même lent, impliqueront, de manière incontournable, une hausse significative de la consommation d’eau, mais aussi d’énergie d’origine hydraulique.

Il est donc devenu urgent d’élaborer des régimes de gestion durable de la ressource des 25 cours d’eau transfrontaliers que compte la région africaine. De quelle manière ? Après avoir présenté quatre cas africains, nous examinerons les perspectives d’évolution des modes de gestion sous l’inspiration de l’approche contemporaine par les « Communs ».

Les principes d’organisation des agences de bassin

Contrairement à une idée répandue, les pays africains, y compris ceux du Sahel, ne manquent pas d’eau. Seuls deux pays (le Cap Vert et le Burkina Faso) se situent en deçà de la norme internationale de rareté (1 700 m3 d’eau douce renouvelable par an et par personne). L’Afrique dispose de la même manière d’un potentiel considérable en ressources hydroélectriques. Le potentiel hydroélectrique en Afrique est inexploité à 92 %, alors qu'il existe des besoins criants non couverts en matière d'accès à l'électricité. Ce potentiel est largement suffisant pour satisfaire tous ses besoins en énergie. Le continent compte certains des plus grands cours d’eau au monde – le Nil, le Congo, le Niger, la Volta et le Zambèze. Le potentiel de production le plus significatif se trouve à Madagascar, au Niger, en Zambie, au Mozambique, en Guinée, en Éthiopie et surtout en RD Congo.

Derrière cette richesse virtuelle, des problèmes importants se posent en termes de disponibilité et d’accessibilité aux moments et aux lieux voulus. Ces problèmes se posent en grande partie à l’échelle des écosystèmes régionaux. L’essentiel des ressources en eau se trouve en effet dans des bassins fluviaux et des aquifères transfrontaliers.

Un bassin fluvial est un espace géographique alimentant un cours d'eau et drainé par lui. Il a pour axe le cours d'eau principal et pour limite la ligne de partage des eaux le séparant des bassins-versants adjacents. Il constitue le territoire pertinent pour traiter les causes en amont des problèmes associés aux eaux de surface : qualité et disponibilité de l’eau, pollution, besoin d’irrigation, besoin pour l’énergie, pêche, etc. L’ampleur des services écosystémiques qu’il rend dépend de son étendue, de sa topographie, de ses sols et de leur couverture végétale, de sa structure géologique, de l'organisation du réseau hydrographique qui le draine et bien sûr du climat qui l'affecte.

Les risques qui pèsent sur ses ressources sont nombreux : ruissellement, érosion des sols, lessivage des intrants agricoles, inondations. Ils sont fortement accentués par des aménagements inadaptés et des pratiques à risques. Il est en conséquence essentiel de bien apprécier ses services, de les évaluer et de les protéger contre la pression foncière, notamment par une politique d’aménagement appropriée, conciliant préservation de la ressource hydrique et utilisation des terres du bassin.

Les bassins fluviaux offrent des terrains privilégiés d’application d’une gestion intégrée des ressources en eau. Celle-ci doit globalement permettre de faire face aux problèmes liés à l’eau et à l’utilisation des terres, mais également à la gestion des intérêts en amont et en aval d’un bassin. Elle doit notamment répondre aux préoccupations nées du déplacement des résidents locaux, qui se chiffrent parfois par dizaine de milliers. Or l’on sait que la réinstallation des populations affectées et la reconstruction de leurs moyens de subsistance ont le plus souvent connu des résultats mitigés en Afrique.

Telle est la fonction des agences de bassin (il en existe par exemple 6 en France, 9 au Maroc) et des organisations en charge de la gestion intégrée des ressources en eau au niveau des bassins transfrontaliers.

Une typologie des organisations de bassin

Pour analyser les organisations de bassin, le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), une plateforme internationale indépendante dont le secrétariat est hébergé au sein de l’OCDE propose de distinguer :

  1. Les agences dont l’objet est un fleuve frontière. Le cours principal du fleuve constitue la frontière entre deux États. Le Fleuve Sénégal par exemple constitue la frontière entre le Mali et le Sénégal sur une partie de son cours et la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal sur une autre partie de son cours. Ces trois pays sont les États membres de l’OMVS. L’intégration récente de la Guinée modifie cette configuration et fait passer l’OMVS dans la troisième catégorie décrite ci-dessous.
  2. Celles dont l’objet est un fleuve transfrontalier. Cette catégorie est la plus fréquente en Afrique. Ainsi, le Fleuve Niger traverse successivement la Guinée, le Mali, le Niger et le Nigeria. Son principal affluent, le Bénoué, traverse successivement le Tchad, le Cameroun et le Nigeria. Ces différents pays ainsi que le Burkina, le Bénin, la Côte d’Ivoire d’où partent quelques affluents du fleuve, forment les États membres de l’Autorité du Bassin du fleuve Niger (ABN). Le dispositif de la Gambie est similaire (OMVG) ainsi que celui du bassin de la Volta (ABV).
  3. Celles enfin, gérant un cours d’eau qui est frontalier dans certaines de ses sections et transfrontalier dans d’autres. En prenant en compte la Guinée (pays amont et nouveau membre de l’OMVS), le Fleuve Sénégal peut être rangé dans cette catégorie de cours d’eau.

Source : CSAO, 2006

Les questions d’organisation des bassins sont cruciales. Lorsque, par exemple, la responsabilité de l’eau potable repose sur une agence, celle de l’eau pour l’irrigation sur une autre agence, celle pour l’énergie sur une troisième, le manque de relations entre les trois entités entraîne inévitablement une gestion pour le moins hasardeuse et une mise en valeur sous-optimale de la ressource, avec pour résultat du gaspillage. C’est la raison pour laquelle, depuis plusieurs décennies, de nombreuses initiatives ont été amorcées à l’échelle de grands ensembles hydrographiques dans plusieurs régions africaines.

Au cours des décennies qui ont suivi les indépendances africaines, plus de 150 grands barrages ont été construits en Afrique de l’Ouest. Bien d’autres l’ont été ailleurs sur le continent. D’autres encore sont en phase de planification pour faire face aux besoins de la région en eau mais aussi en énergie. Plusieurs expériences de gestion transfrontalières ont été créées avec des succès variés.

 

  • 0
  • 5 views

LES POTENTIALITÉS (INEXPLOITÉES) DE L’AGRICULTURE MALGACHE

Le niveau de vie à Madagascar n’est nullement conforme à la taille et à la grandeur de son capital naturel. L’île est répertoriée parmi les pays à faible revenu et.

  • 0
  • 1 views

L ‘Afrique subsaharienne s’urbanise sans s’industrialiser

La FAO a publié un atlas intitulé « L’Afrique rurale en mouvement : dynamiques et facteurs de migrations dans le sud du Sahara »*. Ce 1er atlas vise à mieux comprendre la complexité.

  • 0
  • 1 views

Pour une gestion durable du pastoralisme sahélien

  Pour Pierre Jacquemot, le pastoralisme sahélien, qui repose sur des traditions et une identité fortes, est menacé par l’extension de l’agriculture sédentaire et la désertification. Le pastoralisme valorise pourtant.

  • 0
  • 1 views

MADAGASCAR, GRENIER RIZICOLE POTENTIEL DE L'AFRIQUE

Madagascar est  traditionnellement un des producteurs majeurs de riz de l’Afrique Subsaharienne. Il présente un climat, un sol et un ensoleillement favorables à la culture de l’Oryza sativa. La production.

  • 0
  • 1 views

L’industrie des engrais en Afrique

Si l’Afrique est largement productrice-exportatrice de produits phosphatés et d’urée, elle est importatrice nette de produits d’engrais potassiques. Si la consommation d’engrais du continent augmente, elle reste cependant, avec 17.

  • 0
  • 1 views

Le mythe de l’abondance des terres arables en Afrique.

On lit souvent, ici et là, que l’Afrique détiendrait là la clé de la sécurité alimentaire mondiale, car elle disposerait de 50 à 60% des terres arables disponibles de la.

  • 0
  • 1 views

Le typha, ou comment transformer une plante envahissante en source d’énergie

Vous lirez ci-dessous un article très original de Pierre Jacquemot sur une plante aquatique, le typha, invasive, nuisible à la production agricole et source de parasites. Une ONG française, le.

  • 0
  • 1 views

La révolution de l’électrification rurale en Afrique est-elle en marche ?

[inbound_button font_size="14" color="#8d0100" text_color="#ffffff" icon="file-o" url="https://dev.willagri.com/wp-content/uploads/2017/10/Dossier-quand-afrique-electrifie-ses-campagnes.pdf" width="" target="_blank"]Télécharger le PDF[/inbound_button]

 

 

On le sait, l’insuffisance d’infrastructures handicape lourdement l’agriculture africaine. Outre les routes, les entrepôts de stockage ou les réseaux de télécommunication, l’absence d’un réseau électrique fiable obère lourdement les activités agricoles. En l’absence de réseaux électriques centralisés, l’Afrique a inventé, avec l’aide internationale, les projets électriques hors réseaux décentralisés qui peuvent desservir une famille, un village ou une région. Comme dans bien d’autres domaines, dont les multiples usages du téléphone portable, l’Afrique fait preuve de beaucoup d’imagination en matière énergétique. Pierre Jacquemot recense dans ce dossier bien documenté les différentes solutions techniques off grid, les modèles d’organisation et de gestion de ces mini-réseaux. Pierre Jacquemot est prudent quant à l’efficacité de réseaux décentralisés, mais n’en estime pas moins, à l’instar de l’Agence internationale de l’énergie, qu’en 2040, 530 millions d’Africains n’auront d’autre choix que de recourir à l’électricité hors-réseau. Ne serait-ce que pour satisfaire les besoins les plus élémentaires en matière d’éclairage domestique, de fonctionnement des réfrigérateurs ou d’irrigation.

WillAgri

Un chiffre donne la mesure du défi énergétique africain: l’Ethiopie qui compte 94 millions d’habitants consomme un tiers de l’électricité utilisée à Washington qui compte 600 000 habitants. Dans tout le continent, le chalenge est considérable : 640 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. Mais les réponses s’organisent, avec une forte dose d’innovations et sur des bases décentralisées. Selon les estimations de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), environ 100 millions de personnes en Afrique, ont déjà accès à l’électricité grâce à des modes de production d’énergie décentralisés. Partout de nouveaux projets hors-réseaux (off-grid) voient le jour. Des dispositifs techniques adaptés sont mis en œuvre par des entreprises, des coopératives et des groupements, des collectivités locales, des agences d’électrification rurale et des ONG. La question centrale est aujourd’hui de savoir si les systèmes décentralisés contribuent effectivement à la solution pour les populations rurales du « trilemme  énergétique » : comment garantir une énergie à la fois accessible, de qualité et à un prix abordable.

Les dispositifs très divers qui se déploient appartiennent à diverses familles de solutions selon leur taille et les besoins à satisfaire: pico, micro et mini. Font-ils système et  pourraient ils se multiplier à grande échelle? Pour répondre il faut interroger le terrain. Les retours d’expériences sont riches d’enseignements sur la place et sur l’efficacité des modèles d’organisation dans le temps et dans l’espace, sur les rôles respectifs des acteurs et les modes de régulation. Ils donnent d’utiles leçons, sur la tarification à mettre en œuvre et sur les mécanismes de financements, et, bien que tous ne soient pas encore suffisamment documentés, ils apportent des premières indications sur l’envergure de leur contribution à la transformation des sociétés rurales.

1. Des options techniques de plus en plus diversifiées

Les technologies disponibles en matière d’électrification décentralisée appartiennent à trois familles situées aux  premiers niveaux de l’échelle de l’électrification. Les pico-dispositifs isolés, limités à l’approvisionnement d’un ménage ou d’une petite entité collective,  sont situés au premier échelon, pour des usages simples, de l’éclairage domestique à l’alimentation d’une école ou d’un centre de santé. Les micro-réseaux,  sous la forme de kiosques ou de plateformes énergétiques de taille modeste, offrent divers services domestiques et publics à l’équivalent d’une communauté villageoise. Enfin, les mini-réseaux composés d’un générateur central et d’un système de distribution en réseau, fonctionnent également en toute autonomie et peuvent répondre à des demandes de puissance relativement élevées à des fins sociales et économiques. Nombre de projets  – environ un quart parmi ceux recensés – font appel à au moins deux familles de solutions et combinent sous une forme hybride deux ou plusieurs sources d’énergie (thermique, solaire, éolien, hydraulique, biomasse).

La rapide diffusion des pico-technologies

Le terme de kit pico-photovoltaïque est utilisé pour désigner des systèmes solaires portatifs fournissant un éclairage (lampe solaire en dessous de 5W) ou mieux des fonctions élargies à l’échelle d’un ménage pour des appareils électriques de petite taille, avec une capacité allant de 6 à 200W. L’équipement complet d’un ménage revient  entre 100 et 1000 dollars, avec le plus souvent un panneau photovoltaïque, une batterie, une ou plusieurs lampes et éventuellement un régulateur.

Crédit photo : Velux

On trouve des pico-dispositifs (appelés aussi standalone off-grid systems)  dans plus de 25 pays d’Afrique, majoritairement au Kenya, en Tanzanie et en Ethiopie où ils touchent 15 à 20% des ruraux, avec le plus souvent un système de paiement pay-as-you-go que nous étudierons plus loin. Ainsi, Devergy créé en 2010 opère en zone rurale en Tanzanie auprès de 120 000 ménages. PowerGen, fondé au Kenya en 2011, a installé des centaines de dispositifs à partir d’énergie renouvelable dans 7 pays avec des méthodes innovantes (smart metering, pay-as-you-go, distributed storage, interconnections). GDF Suez Rassembleurs d’Energies, Schneider Electric et Orange France Telecom se sont quant à eux engagés financièrement auprès de la société Fenix Intl, installée en Afrique de l’Est et dans la Silicon Valley, qui commercialise avec l’opérateur MTN mobile des solutions individuelles d’électrification à plus de 100 000 clients (et six fois plus de bénéficiaires) en Ouganda.

La formule touche progressivement l’Afrique de l’Ouest. Autour d'une société commune, ZECI, en Côte d’Ivoire, Off Grid Electric, une entreprise américaine, et EDF ont engagé un partenariat pour la fourniture de kits individuels comprenant des panneaux solaires adossés à des batteries payables par simple utilisation d’un téléphone portable, avec pour projet d’alimenter près de 2 millions de personnes à l’horizon 2020. Un autre projet significatif est porté au Burkina Faso par la Fondation Energies pour le monde (Fondem), en partenariat financier avec les Caisses Populaires de la zone et un fournisseur-installateur local. Egalement créée avec la même fondation française, Energie du Ciel en Guinée produit et vend des kits solaires avec une particularité : leurs régulateurs électroniques sont composés de matériaux recyclés.

Dans les bourgs ruraux, la vente se fait souvent en boutique ou sur les marchés. Mais les solutions les plus pertinentes et durables sont sans aucun doute celles qui intègrent l’écosystème local dans la chaîne de distribution. Il peut s’agir d’associations et d’institutions de microfinance déjà implantés, de coopératives rurales, de petits commerçants itinérants, etc. Le projet Nafa Naana d’Entrepreneurs du Monde au Burkina Faso s’appuie sur un réseau de revendeurs franchisés et sur des partenariats avec des associations, des groupements de femmes, etc. Un autre exemple innovant est donné par Bboxx, une entreprise britannique qui en Ouganda fabrique et distribue des kits solaires de 250 W, avec Great Lakes Coffee, une coopérative de producteurs de café représentée sur tout le territoire et dont les membres se transforment ainsi en revendeurs de kits solaires. Le groupe Total possède de ce point de vue un avantage avec son propre réseau de distribution, le plus important en Afrique : ses stations services permettent de rayonner sur un large territoire.

D’aucuns parlent de « révolution » comme les rapports de Lighting Africa et d’Hystra qui mettent en évidence l’extraordinaire succès des pico-dispositifs : ainsi de 2009 à 2016, la vente de lanternes solaires a-t-elle été multipliée par 200 en Afrique. L’expansion de ce secteur s’explique par plusieurs raisons. Le montage des équipements peut se faire localement.

A Dédougou au Burkina Faso est fabriquée une lampe solaire, Lagazel K1500. L’entreprise a lancé une ligne de production « hors sol » répartie dans trois conteneurs en tôle et permettant de fabriquer 200 000 lampes par an. Son objectif d’ici à 2020  est de créer dix ateliers et vendre 1,3 million de lampes solaires. L’équipement simple répond aux primo besoins d’électricité des ruraux (éclairage, charge téléphone, radio, TV). Il peut servir à l’alimentation de très petits équipements en substitution au diesel. Les solutions sont évolutives ce qui permet aux ménages d’investir au fur et à mesure, en fonction de leurs ressources disponibles, lesquelles sont le plus souvent variables dans le temps. Par ailleurs, les ménages peuvent s’équiper très vite, du jour au lendemain, sans attendre le développement d’une formule collective, toujours longue et complexe à mettre en place.

La qualité de l’équipement est-il un critère décisif de choix  pour les pauvres ? Assurément l’option low cost ou « basique » séduit majoritairement les utilisateurs au faible pouvoir d’achat. Sur des marchés fortement tirés par la demande, des garanties sur la qualité et la durée de vie des équipements ne sont pas toujours considérées au premier abord comme essentielles, même si, avec le temps les comportements évoluent vers plus d’exigences dans un marché de « bouche à oreille ». L’initiative « Lighting Global » menée par la Banque Mondiale pour favoriser le développement d’un marché de solutions d’éclairage propre off-grid en Afrique, a défini depuis 2009 des standards stricts de qualité (puissance d’éclairage, durée d’éclairage, durée de vie de la batterie, qualité de l’assemblage, solidité).

 

  • 0
  • 3 views